Le concept du vieillissement
Le vieillissement est un processus naturel qui est le produit d’une accumulation de dégradations cellulaires, histologiques, moléculaires, physiologiques et psychologiques au fil du temps. Ces dégradations entraînent une diminution des capacités physiques et mentales, une augmentation de la survenue de pathologies et finalement le décès. Mais ce processus de vieillissement est très hétérogène et varie de façon interindividuelle. Il est donc possible de dégager des tendances démographiques pertinentes autour du vieillissement mais il convient de ne pas occulter qu’il existe une pluralité de modes de vieillissement et qu’ils sont propres à chaque individu.
Les étapes
Il est délicat de donner un âge seuil où l’on parle de vieillissement. Pour l’OMS les individus de plus de 60 ans sont considérés comme des « séniors ». En France, on parle de « personnes âgées » à partir de 75 ans. Mais ces notions chiffrées ne suffisent pas à correctement se rendre compte de la notion du bien vieillir. Il convient alors d'associer le vieillissement à la santé dont la définition, toujours selon l’OMS, est « l’état complet de bien-être physique, mental et social et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ».
Le sénior ou la personne âgée au cours de son vieillissement passe par une cascade d’évènements aigus ou chroniques accélérant le processus de vieillissement et pouvant alors conduire vers la perte d’autonomie. En médecine, on parle alors du syndrome de fragilité. Entre l’état de robustesse et de dépendance, la personne âgée va passer par des étapes de fragilité et de perte d’autonomie qui en soins primaires sont importantes à repérer car elles sont modifiables. Tout l’enjeu du dépistage et de la prévention est là, intervenir chez une personne âgée présentant un syndrome de fragilité. Une fois la personne arrivée en situation de dépendance, le retour en arrière n’est généralement pas possible et les soins vont être plus lourds et coûteux.
Ces notions posées, on peut parler de 3 modes de vieillissement :
-le vieillissement réussi, à haut niveau de fonction, ou robuste, se caractérisant par le maintien des capacités fonctionnelles ou leur atteinte très modérée.
-le vieillissement usuel ou habituel, qui s’en distingue par la réduction des capacités ou de certaines d’entre elles, sans que l’on puisse attribuer cet amoindrissement des fonctions à une maladie de l’organe concerné.
-le vieillissement avec morbidités, le plus souvent chroniques, et dont l’âge ne représente qu’un facteur de risque, vont plus particulièrement concerner la sphère affective (dépression), cognitive (démence), locomotrice, sensorielle, cardio-vasculaire. Elles ont pour point commun d’être fréquemment associées à une dénutrition et d’exposer à un risque majoré de maladies aiguës, en particulier infectieuses ou traumatiques. Elles doivent, de ce fait, être considérées comme des déficiences, à l’origine d’incapacités fonctionnelles parfois majeures et de handicaps authentiques. A cette étape, des aides humaines, comme les auxiliaires de vie, sont nécessaires.
Et à la Réunion ?
Globalement, les réunionnais vieillissent en moins bonne santé que la population de France métropolitaine, du fait d’une part plus importante des pathologies cardio-vasculaire (diabète, HTA, dyslipidémie) et des complications (infarctus, AVC, insuffisance rénale). Les maladies rénales chroniques et l’insuffisance cardiaque sont en forte prévalence sur notre île et impactent négativement la santé des réunionnais. L’évolution de notre mode de consommation, l’industrialisation, la sédentarisation associée à une composante génétique expliquent en partie ce fait épidémiologique important. Dans un contexte de vieillissement de la population sur l'île de La Réunion, cette tendance ne fera que s’accentuer dans les années à venir, engendrant des coûts humains et en santé publique non négligeables. Il est donc primordial de mettre en place des stratégies de préventions fortes sur notre territoire.
Comment bien vieillir ?
Le mieux vieillir réside dans la conservation et dans l’entretien de six grandes fonctions.
-la mémoire
-la mobilité
-l’audition
-la vision
-l’alimentation
-l’humeur
Afin de nous préserver des pathologies cardiovasculaires et d’entretenir notre cognition et notre santé mentale, il convient de mettre en avant cinq fondamentaux : ne pas fumer, manger de façon saine et équilibrée, éviter le surpoids, faire de l’exercice et entretenir une vie sociale riche. Ces principes, facilement applicables, joueront en faveur d’un vieillissement dit réussi et maintiendront notre état en phase robuste. Si certaines personnes éprouvent des difficultés à mettre en place ces pratiques, il est possible de faire appel à des coachs de vie, des éducateurs APA, des nutritionnistes ou diététiciens, des psychologues ou autres organismes de services à la personne. Un accompagnement personnalisé, un suivi et la mise en place d’une routine peuvent aider à la mise en application de ses principes.
Dans un état plus avancé, et dans la prévention du syndrome de fragilité et de la perte d’autonomie, l’action et les interventions des aidants familiaux et des professionnels médico-sociaux intervenants (services à la personne) auprès des personnes âgées devra se concentrer sur :
-la lutte contre l’isolement social : faire appel à des associations, encourager les activités, s’inscrire à des clubs, faire du bénévolat, du mentorat, faire appel à des aides à domicile pour rompre la monotonie…
-la lutte contre la fonte musculaire : marcher régulièrement, faire son jardin, aller chercher son pain à pied, faire son ménage, faire de l’activité physique adaptée, se promener avec des auxiliaires de vie, faire passer un kinésithérapeute à domicile en cas de pathologie…
-la lutte contre les troubles de la mémoire : en repérant et en ne négligeant pas les petits oublis se répétant régulièrement, en proposant des activités de stimulations mnésiques (jeux de sociétés, mots fléchés, sudoku…), en sollicitant la mémoire en faisant appel aux souvenirs, en discutant régulièrement…
Pour conclure cette notion de bien vieillir s’ancre dans la politique gouvernementale du maintien de l’autonomie de nos aînés mettant le doigt sur l’importance des démarches de prévention.
« Le traitement est l’échec du dépistage qui est lui-même l’échec de la prévention »